IntroductionPneumocystis jiroveciiest un champignon parasite, pathogène opportuniste responsable de pneumopathies sévères chez les patients immunodéprimés. L’avènement des nouveaux traitements immunosuppresseurs et des chimiothérapies pour les patients présentant des hémopathies malignes, des transplantations d’organes solides ou des maladies auto-immunes nous a fait nous interroger sur les facteurs de risques cliniques et médicamenteux associés à la mortalité des patients présentant un prélèvement positif àP. jirovecii.Matériels et méthodesNous avons réalisé une étude rétrospective unicentrique sur 3 ans de 2016 à 2018 inclus et analysé les dossiers de tous les patients ayant présenté un prélèvement positif pourP. jiroveciisur cette période afin de déterminer les facteurs prédictifs de survie à 12 semaines (S12) du diagnostic biologique.RésultatsNous avons analysé 188 dossiers de patients, dont seulement 19 (10,1 %) ne présentaient pas d’immunodépression connue. Parmi les autres, 83 (44,1 %) étaient sous corticoïdes, 52 (27,7 %) sous traitement anti-métabolites tel que le méthotrexate, 49 (26,1 %) étaient atteints d’hémopathie, 43 (22,9 %) de maladie auto-immune, 31 (16,5 %) de tumeur solide ou avaient un antécédent de transplantation d’organe solide et 15 (8 %) vivaient avec le VIH. De ces patients, 173 (92,0 %) présentaient une symptomatologie respiratoire et 115 (61,2 %) une imagerie compatible avec une pneumocystose. Seuls 105 patients (55,9 %) ont été traités, majoritairement par TMP-SMX (88 soit 83,8 %). Le statut vital à S12 était connu pour 165 patients, dont 113 (68,5 %) étaient toujours vivants. En analyse univariée, les facteurs liés à une surmortalité à S12 étaient l’âge et le score de Charlson (corrélation positive) au moment du diagnostic biologique, tandis que l’antécédent de greffe d’organe solide était prédictif de survie à S12. En analyse multivariée, seul ce dernier élément était significatif. L’administration, ou non, d’un traitement spécifique de la pneumocystose ne modifiait pas significativement la mortalité à S12. Le score de Charlson représentait un bon modèle prédictif de la mortalité à S12 chez les patients ayant présenté un prélèvement respiratoire positif àP. jirovecii.ConclusionMalgré la détection deP. jiroveciichez tous les sujets, associée dans une grande majorité de cas à une symptomatologie respiratoire, tous ne bénéficiaient pas d’un traitement spécifique de la pneumocystose. Cependant, ce traitement ne changeait pas la probabilité de survie à S12, qui était faible, et le seul élément prédictif de survie était un antécédent de transplantation d’organe solide. Le fait que le score de Charlson soit un bon modèle prédictif de la survie à S12 de la détection deP. jiroveciimontre bien que la gravité de l’infection est toujours liée au terrain sur lequel elle survient. Le développement de thérapies plus ciblées, visant à remplacer les anciennes molécules immunosuppressives, pourrait constituer une avancée dans la prévention de cette infection.