Introduction et but de l’étudeLa malnutrition protéino-énergétique est un facteur de risque de complications et de mortalité chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC). Les éventuelles modifications des préférences alimentaires induites par l’hémodialyse ne sont pas connues. L’objectif de l’étude était d’étudier chez les patients atteints d’IRC, les composantes du système de récompense (« liking » ou sensation hédonique pour un aliment et « wanting » ou désir de consommer un aliment) pour les aliments riches en protéines, glucides et lipides.Matériel et méthodesVingt-cinq patients atteints d’IRC ont été évalués le jour et 24 heures avant ou après leur hémodialyse. Ils ont été comparés à 25 sujets sains appariés (sexe, âge et IMC). La sensation de faim, le « liking » (présentation de 6 aliments représentant les 3 macronutriments) et le « wanting » (présentation de 16 photos représentant les 3 classes de macronutriments) ont été évalués à 7 h du matin puis à 11 h (c’est-à-dire avant et après l’hémodialyse). La ghréline, la leptine, l’insuline et les acides aminés plasmatiques ont été évalués dans le même temps.Résultats et Analyse statistiqueÀ 7 h et 11 h, la sensation de faim des patients ne diffère pas de celle des sujets sains. Le « wanting » pour les aliments riches en protéines à 11 h chez les patients atteints d’IRC a distance de l’hémodialyse est inférieur à celui des sujets sains (3,9 ± 2,4 vs 5,8 ± 2,5, P < 0,001) mais est restauré au même niveau que celui des sujets sains après hémodialyse (5,0 ± 2,3, P < 0,01). Le « wanting » pour les aliments riches en lipides et en hydrates de carbone et le « liking » pour les 3 classes de macronutriments ne diffèrent pas entre les groupes. Chez lespatients atteints d’IRC après l’hémodialyse, les variations des concentrations des acides aminés plasmatiques sont négativement corrélées (P < 0,01) aux variations du « wanting » pour les aliments riches en protéines. En effet, la glutamine, l’alanine, la citrulline, la phénylalanine, la proline et l’ornithine diminuent après l’hémodialyse alors que le « wanting » pour les aliments riches en protéines augmente (P < 0,05). En revanche, les variations de ghréline plas-matique, de leptine et d’insuline ne sont pas corrélées aux variations du « wanting pour les aliments riches en protéines ».ConclusionLes patients atteints d’IRC ont une augmentation spécifique du « wanting » pour les aliments riches en protéines immédiatement après leur hémodialyse. Ce résultat peut être expliqué par une épuration de plusieurs acides aminés plasmatiques par l’hémodialyse. Cette étude suggère que l’augmentation de l’apport en protéines, immédiatement après l’hémodialyse, pourrait être bénéfique aux patients atteints d’IRC lorsque ceux-ci présentent une carence protéino-énergétique.