ObjectifL’objectif de cette étude est d’explorer la sexualité de femmes ayant été excisées et vivant dans un contexte occidental.MéthodesHuit entretiens semi-structurés ont été menés en Suisse avec des femmes originaires de différents pays d’Afrique et présentant des excisions de types variables. Une analyse thématique a ensuite été conduite.RésultatsLes femmes interviewées perçoivent leur corps comme étant « incomplet », « fermé » et ne correspondant plus à la valeur esthétique qu’il avait acquis dans le pays d’origine via l’excision. La sexualité, pensée strictement dans le cadre du mariage, est dépeinte avant tout comme étant douloureuse, avec des sensations de déchirure et de cassure lors des rapports sexuels. De manière intéressante, le désir et le plaisir sexuel sont imaginés par les interviewées comme étant largement tributaires du clitoris. Organe lui-même perçu comme étant totalement absent de leur corps.ConclusionLa primauté du clitoris dans la sexualité féminine rend compte d’une vision médicalisée et occidentale intériorisée par les interviewées qui risque de les enfermer dans une vision dépréciative de leur corps et péjorer leur sexualité. Cette étude souligne la nécessité d’une approche contextualisée permettant de saisir finement les vécus relatifs à la sexualité et propose des pistes pour une prise en charge sexologique adaptée.