Objectifs.Les corticoïdes pourraient avoir, indépendamment de leur effet sur la masse osseuse, un rôle favorisant la fragilité osseuse. Le but de notre étude était d'étudier les relations entre fractures ostéoporotiques et densité osseuse en cas de corticothérapie au long cours.Patients et méthodes.Nous avons étudié 121 patientes âgées de 60,4 ± 14,3 ans traitées par corticothérapie au long cours (dose cumulée ≥ 1 g d'équivalent prednisone, durée de corticothérapie ≥ 6 mois) pour polyarthrite rhumatoïde (n= 38), pseudopolyarthrite rhizomélique ou maladie de Horton (n= 26), connectivites (n= 15), asthme (n= 14), autres rhumatismes inflammatoires (n= 14), autres maladies (n= 14). Une population témoin (n= 125) d'âge moyen identique aux patientes traitées par corticothérapie, et répondant aux mêmes critères d'exclusion a été étudiée. Des mesures densitométriques ont été effectuées au rachis et au col du fémur par un appareil Hologic® QDR 4500. En cas de douleurs rachidiennes des radiographies du rachis dorsal et lombaire étaient faites afin d'évaluer la présence ou l'absence de fractures.Résultats.Le fait d'avoir pris 10 g d'équivalent prednisone et d'avoir reçu deux ans de corticoïdes étaient associés à unodds ratiode diminution d'un écart-type de la densité minérale osseuse au col du fémur respectivement de 1,68 (1,20–2,35) et de 1,67 (1,22–2,29). Soixante-huit fractures ont été rapportées chez 56 patientes (46 % de la population). Même après ajustement sur l'âge, la durée et la dose de corticoïdes, les moyennes de densité minérale osseuse du col du fémur et du rachis lombaire étaient significativement plus basses dans le groupe des patientes avec fractures que dans le groupe des patientes sans fractures. La sensibilité de la densité minérale osseuse au rachis et/ou au col du fémur pour le diagnostic d'un tassement vertébral et/ou d'une fracture périphérique, était de 73 %, pour une spécificité de 51 %. Le modèle d'analyse en régression logistique pas à pas des facteurs explicatifs de fracture incluait par ordre hiérarchique l'âge, l'absence de traitement par calcium et vitamine D, le T-score au col du fémur, et la dose de corticoïdes.Conclusion.Notre travail montre que la mesure densitométrique constitue un facteur important de la détermination du risque de fractures au cours de l'ostéoporose cortisonique.