IntroductionLes traumatismes IPP avec fracture de la base de P2 s’accompagnent d’une incongruence articulaire souvent associée à une subluxation de la tête de P1. Elles conduisent en l’absence de traitement adéquat, à des articulations raides et souvent douloureuses. Nous présentons ici les résultats de leur traitement par réduction et ostéosynthèse miniaturisée, sans traction ni fixation externe.Moyens et méthodesLa série rétrospective comporte 24 lésions chez 23 patients opérés entre 1992 et 2013 par le même praticien. Il s’agit de 7 femmes et 16 hommes, d’âge moyen de 35 ans, traités en moyenne à 2,5 jours du traumatisme, en pratique presque tous en urgence. Il y avait 16 accidents sportifs et 3 accidents du travail. Elle ne comporte que des fractures fermées récentes. Dans 18 cas, on retrouvait un enfoncement articulaire dont 3 atteintes comminutives. Il s’agissait de fragments antérieurs simples dans 2 cas, de pavés dorsaux dans 2 cas et d’une séparation simple dans 2 cas. Un court abord latéral a été pratiqué 20 fois, un abord bilatéral 1 fois, ainsi que 2 abords dorsaux et un abord palmaire. L’articulation a été exposée à travers le trait de fracture avec désimpaction de la composante d’enfoncement si nécessaire, sous grossissement optique et fermeture de la séparation antéropostérieure. L’ostéosynthèse par des vis de diamètre inférieur à 1 mm a permis d’étayer les pavés centraux et de maintenir le rapprochement des fragments cortico-spongieux. Dans aucun cas, il n’y a eu de section de l’appareil extenseur. Un brochage P1–P2 complémentaire a été utilisé 8 fois pour protéger le montage dans les cas les plus fragiles ; une attelle a été mise en place pour 1 mois chez 12 patients et une simple syndactylisation a suffi chez 14 d’entre eux. Les broches d’arthrorise ont été retirées à un mois, 3 ablations de vis ont été pratiquées secondairement. Il n’y a pas eu de geste d’artholyse ou de ténolyse. On n’a déploré aucune infection ni problème de cicatrisation dans cette série de fractures fermées. Il n’y a eu aucun cas d’algodystrophie.RésultatsTous les patients ont été revus, avec un recul moyen de 7,3 mois. Le secteur moyen de mobilité était de 70°, entre 13 et 83°. La distance pulpe–paume mesurée était de 2 cm. Le doigt restait augmenté de volume au niveau de l’IPP chez tous les patients sauf 4. Trois patients restaient douloureux. Sur les radiographies, tous les patients ont consolidé, avec une perte partielle de réduction dans 4 cas, avec une clinodactylie résiduelle de 10 et 15° sur 2 doigts. Dans 12 cas, la base de P2 restait élargie, mais sans subluxation IPP. Tous les patients n’ont pas pu être revus à long terme, mais il n’a été constaté que 2 évolutions dégénératives tardives. Les meilleurs résultats étaient obtenus dans les séparations simples et les fractures marginales palmaires ou dorsales, et les moins bons, logiquement, dans les lésions comminutives. L’emploi d’une broche d’arthrorise d’a pas eu d’effet significatif sur la mobilité finale.ConclusionL’utilisation de voies d’abord latérales courtes et de matériel d’ostéosynthèse miniaturisé respectant l’appareil extenseur permet d’obtenir de bons résultats dans cette série de fractures fermées isolées, de la base de P2 des doigts longs. Elle peut se comparer favorablement aux brochages transfixiants ou à l’utilisation de moyens de traction ou de fixation externe.