En transplantation d’organe, le degré d’incompatibilité des moléculeshuman leucocyte antigen(HLA) entre un receveur et son donneur est apprécié traditionnellement par la comparaison de leurs antigènes de classes I et II, et le compte des antigènes incompatibles. De même, les anticorps sont déterminés par leur spécificité antigénique. Grâce aux techniques de détection des anticorps anti-HLA de phase solide et aux études cristallographiques, il est maintenant reconnu que les anticorps anti-HLA sont spécifiques d’épitopes, c’est-à-dire de courtes séquences d’acides aminés polymorphes, situées le plus souvent en position accessible aux anticorps. Ces épitopes, du fait de la répartition du polymorphisme allélique du système HLA, peuvent être partagés par différents antigènes HLA. Cela explique pourquoi l’immunisation vis-à-vis d’un antigène HLA donné peut conduire à la synthèse d’anticorps réactifs vis-à-vis d’autres antigènes partageant un ou plusieurs épitopes. De même, la comparaison structurale du groupe HLA d’un receveur et de son donneur permet de déterminer la charge épitopique, c’est-à-dire le nombre d’épitopes incompatibles. Cette charge épitopique est corrélée au risque de développer des anticorps spécifiques du donneur après transplantation. De nouveaux outils, comme le logiciel HLAMatchmaker, permettent désormais de déterminer cette charge épitopique et d’analyser la spécificité épitopique des alloanticorps. Ces outils devraient possiblement conduire à repenser le mode d’attribution des greffons, du moins à une prise en compte différente de la compatibilité HLA dans les systèmes d’attribution.