IntroductionLa manipulation, par le personnel soignant, de thérapeutiques cytostatiques fait l’objet d’un intérêt tout particulier de la part du médecin du travail depuis quelques années. En novembre 2012, l’Institut national de recherche sur la sécurité (INRS) a publié une plaquette guidant les médecins du travail et les personnels soignants pour une meilleure maîtrise de ce risque, notamment pour ce qui est du port d’équipements de protection individuelle (EPI). De même, d’autres instances internationales se sont prononcées sur ce thème. Il n’en reste pas moins que ces prescriptions sont peu précises et difficilement adaptables directement sur le terrain du fait qu’elles ne ciblent pas des tâches concrètes. Notre objectif dans cette étude était de répertorier les différentes tâches effectuées par les personnels soignants en contact avec des produits de chimiothérapie et de faire un état des lieux des recommandations du médecin du travail en termes de prévention lors de la manipulation de ces médicaments pendant ces différentes tâches, dans les établissements de santé français.MéthodeÀ partir des données de la littérature et de campagnes d’observation au sein de services du CHU de Bordeaux, nous avons listé les diverses tâches effectuées par les agents pouvant les mettre en contact avec des médicaments cytostatiques. Devant le nombre important de phases de travail, nous avons choisi de limiter notre étude aux services de soins. Nous avons élaboré un questionnaire en reprenant les différentes tâches d’une part, et d’autre part, les divers EPI retrouvés dans la littérature ainsi que des procédures spécifiques concernant par exemple le transport des médicaments ou la gestion des personnels enceintes. Pour chaque tâche, il était demandé au répondant de spécifier l’EPI qu’il avait recommandé en précisant le type et la durée de port, le cas échéant. Ce questionnaire a été soumis aux médecins du travail assurant le suivi de personnels de soins via deux réseaux : le réseau MTPH Aquitaine et le réseau national MTPH–CRIHAN sur la période d’août à octobre 2015.RésultatsNous avons identifié 15 phases de travail et situations d’exposition différentes. Nous avons recueilli 13 questionnaires exploitables au total. Les résultats sont rendus en pourcentage de recommandation par EPI, par activité. Ils montrent une relative homogénéité. Des disparités persistent dans la gestion de certaines situations comme le maintien au poste des agents enceintes. Ces résultats montrent la nécessité d’élargir l’échantillon de répondants afin d’établir des recommandations plus puissantes. Il faudrait aussi développer la biométrologie pour mieux repérer les situations nécessitant de renforcer les mesures de prévention.