IntroductionLe but de ce travail est d’étudier l’impact sur le recouvrement clinique du respect ou non du seuil douloureux dans la prise en charge des épaules enraidies.Patients et méthodesLes auteurs ont réalisé une étude prospective comparative multicentrique de 193 cas d’épaules enraidies suivies pendant 12 mois (huit à 31) et traitées selon quatre protocoles différents : premier : rééducation conventionnelle infra-douloureuse (58 cas) ; deuxième : rééducation exclusive avec incitation supra-douloureuse (59 cas) ; troisième : rééducation supra-douloureuse encadrée (31 cas) et quatrième : capsulotomie et rééducation infra-douloureuse (45 cas). Le suivi a été journalier les six premières semaines puis hebdomadaire les six suivantes avec évaluation pour chaque séance de la douleur, de la faisabilité et du temps de travail de chaque exercice de rééducation par le praticien et d’auto-rééducation par le patient, associé à l’évaluation de sa douleur, son handicap et son état psychique. Le chirurgien a revu les patients à six semaines, trois mois, six mois, un an et à la révision finale.RésultatsLa rééducation infra-douloureuse donne des résultats progressifs et limités dans le temps (p < 0,05). L’auto-rééducation avec incitation supra-douloureuse est moins algique (p < 0,05) dés les premiers jours avec une douleur nocturne qui disparaît dans 43 % des cas après sept jours d’exercices. L’encadrement des exercices d’auto-rééducation optimise le résultat clinique (p < 0,05). La capsulotomie ne modifie pas l’évolution antalgique les huit premières semaines mais améliore l’évolution antalgique ensuite. Les échecs (un an : 14 à 17 %, révision finale : 3,5 %) sont directement corrélés au nombre d’exercices réalisés par le patient (p < 0,05).DiscussionLe dogme du respect du seuil douloureux n’a plus lieu d’être, une douleur infligée à un patient passif altère l’évolution clinique, une douleur gérée par un patient éduqué, actif et encadré par un praticien averti permettra un recouvrement fonctionnel et antalgique rapide.Niveau de preuveNiveau III, cas témoins, prospectif comparatif.