IntroductionL’atteinte du genou dans la drépanocytose est en fréquence la troisième localisation après la hanche et l’épaule. À notre connaissance, aucune étude n’a été rapportée dans la littérature.Patients et méthodeSur une période de 30 ans (1985 à 2015), 540 nécroses du genou ont été observées chez 345 patients. La nécrose était donc la plus souvent bilatérale. Elle s’accompagnait toujours d’une nécrose des hanches et dans 70 % d’une nécrose d’épaule. Son âge de survenue allait de 8 ans à 50 ans. Selon l’âge du patient et le stade de la nécrose, les interventions suivantes ont été réalisées - épiphysiodèse, ostéotomie tibiale, ostéotomie fémorale, arthrodèse du genou, prothèse totale du genou, injection de cellules souches dans le territoire nécrotique.RésultatsChez l’enfant (85 cas), la localisation tibiale était la plus fréquente entraînant une déformation en varus extrêmement importante, proche de celle observée dans les maladies de Blount. L’ostéotomie tibiale d’ouverture (58 cas) a dû être parfois itérative (12 cas). Si l’enfant est plus âgé, une épiphysiodèse tibiale (15 cas) ou fémorale (10 cas) ou les deux, ont permis d’éviter la déformation en varus. La surinfection du foyer de nécrose avec arthrite du genou dans 10 cas a abouti à l’arthrodèse 6 fois. Chez l’adulte elle est souvent multi-site, atteignant les deux plateaux tibiaux mais aussi les deux condyles fémoraux. Habituellement, le collapsus ne se produit que sur un plateau tibial ou sur un condyle permettant une ostéotomie tibiale (210 cas) ou fémorale (45 cas). La consolidation s’est produite normalement comme chez les patients non drépanocytaires. Parmi les 90 ostéotomies à plus de 15 ans de recul seules 3 ont nécessité la reprise par prothèse. La prothèse totale de genou (réalisée dans 20 cas) est une intervention aux risques majeurs chez le patient drépanocytaire. Outre les problèmes posés par le garrot, le risque infection y est majeur (5 % des cas). Le volume des nécroses rend difficile l’appréciation de la qualité osseuse, même par les IRM préopératoires. Lorsque le diagnostic est réalisé suffisamment tôt, le traitement par thérapie cellulaire (greffe de cellules souches) a évité la progression de l’ostéonécrose et a permis à 120 patients d’éviter la progression vers l’ostéotomie tibiale ou vers une prothèse.ConclusionL’ostéonécrose du genou drépanocytaire est moins fréquente que celle de la hanche et celle de l’épaule. En gravité, elle pose autant de problème que l’atteinte de la hanche surtout si elle survient chez un enfant jeune.