IntroductionLes vis d’interférence résorbables ont progressivement remplacé les vis métalliques pour fixer les implants lors des reconstructions du ligament croisé antérieur (LCA). Elles diminuent le risque de lacération de la greffe, les artéfacts en imagerie postopératoire et ne nécessitent pas d’ablation. Cependant, elles peuvent induire la formation de kystes symptomatiques résultant de la réaction chimique de résorption. L’objectif de l’étude était de décrire les résultats cliniques des patients opérés pour un kyste prétibial post-ligamentoplastie.Matériel et méthodesUne étude rétrospective a inclus tous les patients opérés en 2004–2016 d’un kyste prétibial extra-osseux au décours d’une ligamentoplastie du LCA. Le diagnostic était évoqué cliniquement devant une douleur prétibiale en regard de l’incision, parfois associée à un nodule sous-cutané palpable, puis confirmé à l’IRM. Le premier temps chirurgical était arthroscopique exploratoire. Le second temps réalisé à ciel ouvert comprenait la résection/curetage puis comblement du kyste. Le critère principal de jugement était la normalisation clinique du genou (non douloureux, mobilité 0–120, stable, sans épanchement) au recul de 6 mois.RésultatsQuarante-quatre patients ont présenté un kyste prétibial au recul moyen de 4,9 ± 3,2 ans de la ligamentoplastie. La série comprenait 27 femmes/17 hommes, âge moyen 35,6 ± 9,7 ans. La reconstruction du LCA avait été réalisée le plus souvent aux tendons ischiojambiers (83,7 %). En cours de suivi, 14 patients ont été réopérés du genou (dont 5 chirurgies du ménisque, 3 syndromes du cyclope et 1 re-rupture). Le temps arthroscopique a été réalisé chez 39 (88,6 %) patients. À ciel ouvert, la vis tibiale était complètement résorbée chez 14 % des patients, fragmentée pour 41,9 %. L’examen anatomopathologique a retrouvé de la fibrose, des granulomes inflammatoires et du matériel exogène biréfringent en lumière polarisée. À 6 mois de recul, 76,7 % patients ne présentaient aucune douleur, 97,7 % une mobilité normale et 95,3 % un genou stable sans épanchement. À 2 ans de recul, un patient a récidivé.DiscussionLa résorption totale des vis d’interférence est longue (7–10 ans), exposant les patients à la formation de kystes prétibiaux pendant toute cette période.ConclusionLes vis d’interférence résorbables peuvent entraîner la formation de kystes prétibiaux nécessitant un traitement chirurgical. Le développement de nouveaux matériaux présentant de meilleures propriétés de dégradation n’induisant pas de réaction locale indésirable est attendu.