Introduction: Lors de la réalisation d’une prothèse totale de hanche chez un patient présentant une luxation congénitale de hanche (LCH) de haut grade, le raccourcissement fémoral permet de faciliter la réduction, de prévenir une lésion sciatique et crurale ou un excès de longueur final sur le membre opéré. Il n’existe pas de consensus concernant le type d’implant ou d’ostéosynthèse à utiliser, pourtant de ce choix dépendent directement les risques de complication per- et postopératoires les plus fréquemment retrouvés (fractures diaphysaires, luxations, pseudarthrose). Afin d’essayer de contrôler au mieux ces risques, nous avons mis au point une technique d’ostéotomie transverse de raccourcissement sous-trochantérienne associée à la mise en place d’une tige longue de coupe ovoïde sans ciment à tenue métaphysaire et d’une ostéosynthèse par double haubanage. Les objectifs de cette étude étaient d’analyser les résultats de cette technique en se concentrant sur 1) les complications et la survie de l’implant fémoral, 2) les résultats cliniques (scores fonctionnels et inégalité de longueur des membres inférieurs (ILMI)), 3) le délai de consolidation.Hypothèse: Cette technique permet d’obtenir un faible taux de complications per-opératoire et postopératoires.Matériel et méthode: Il s’agissait d’une étude rétrospective monocentrique incluant les patients opérés de 2000 à 2015 d’une prothèse de hanche associée à une ostéotomie de raccourcissement fémorale sous trochantérienne, fixés par un double haubanage dans le cadre d’une LCH sévère (Crowe III et IV). L’implant fémoral utilisé était une tige longue ovoïde non cimentée recouverte en totalité d’hydroxyapatite. Les complications per et postopératoires, la survie, l’inégalité de longueur (ILMI), les scores fonctionnels (Harris (HHS), score de hanche oubliée (Forgotten Joint Score (FJS)), la satisfaction et les résultats radiographiques ont été étudiés.Résultats: Trente et une hanches ont été incluses. Deux patients ont été perdus de vue (6,5%, 2/31) et exclus des analyses postopératoires. Le suivi moyen était de 13,7 ans ± 4,2 [5,8-18,3]. Ont été rapportées deux fractures diaphysaires peropératoire (6,5%, 2/31), une fracture du grand trochanter (3,2%, 1/31), une lésion sciatique (3,4%, 1/29) ayant complètement récupéré, soit au total 4/31 (12,9%) complications per-opératoires. En postopératoire nous avons observé 8/31 complications (25,8%) incluant deux luxations (6,9%, 2/29), deux enfoncements de tige (6,9%, 2/29) et quatre pseudarthroses (13,8%, 4/29). La survie de l’implant fémoral au dernier recul était de 87,1% (IC95% [76,1 - 99,7]). Le HHS moyen est passé de 39,6 ± 12,0 [14-61] en préopératoire à 81,7 ± 13,2 [48-100] au dernier recul (p<0,01). Au dernier recul, 48,2% (14/29) de hanches étaient déclarées comme oubliées et 31,0% (9/29) étaient symptomatiques mais non gênantes. Une ILMI significative (≥1cm) était présente chez 8 patients (27,6%, 8/29) en postopératoire contre 19 (65,5%, 19/29) en préopératoire, l’ILMI moyenne est passée de 20,8mm ±19,7 [0-60] à 5mm ±7,3 [0-30]. Le délai de consolidation moyen était de 4,3 mois ± 2,4 [2-11].Conclusion: Cette technique présentait peu de complications peropératoires fracturaires ou postopératoires immédiates mais une survie du pivot fémoral inférieure aux données de la littérature et avait un taux de pseudarthrose élevé malgré des résultats postopératoires fonctionnels et cliniques satisfaisants.Niveau de preuve : IV