ObjectifRapporter un cas d’intoxication humaine parMercurialis annualors d’une erreur d’identification.Description du casUne femme de 46 ans, sans antécédents, récolte dans son jardin ce qu’elle pense être du chénopode blanc (Chenopodium album), plus connu sous le nom d’épinard sauvage. Elle en consomme, après cuisson, une pleine assiette au « bon goût d’épinard ». Une heure plus tard, une diarrhée et des spasmes douloureux, associés à des signes généraux (asthénie, frissons) apparaissent. Les symptômes se majorent et poussent la patiente à solliciter à 5 heures de l’ingestion le centre antipoison référent, qui avec l’aide du réseau national « Phytoliste », confirme la source des symptômes : l’ingestion d’une euphorbiacée,M. annua. Devant l’importance des signes digestifs, la patiente consulte au service des Urgences. Le bilan sanguin retrouve un bilan hépatique très légèrement perturbé (ASAT = 40 UI/L, ALAT = 70 UI/L, GGT = 160 UI/L), une fonction rénale normale, une légère anémie (Hb = 12,9 g/dL) avec présence de sang dans les urines à la bandelette. La prise en charge est purement symptomatique et les symptômes s’amendent rapidement, permettant un retour au domicile le jour même.ConclusionEn Europe, la mercuriale fait partie des mauvaises herbes les plus communes. Les intoxications tant humaines qu’animales restent rares en raison d’une odeur désagréable et d’une saveur acre de cette plante, bien que cela ne semble pas avoir gêné notre patiente. Les toxicologues vétérinaires connaissent bien la toxicité de cette plante, source d’intoxications collectives chez le bétail ovin et bovin : l’animal intoxiqué est apathique et anorexique, il souffre de diarrhée et d’une anémie hémolytique avec hémoglobinurie. L’autopsie des bêtes retrouve des lésions hépatiques et rénales[1]. Chez l’homme, aucun autre cas d’intoxication àM. annuan’a été rapporté. Deux cas d’intoxications à une espèce proche,Mercurialis perennis, ont été décrits[2], le tableau étant essentiellement digestif (douleurs abdominales et vomissements intenses), associé à une hémoglobinurie pour l’un des deux patients. Cette première observation clinique d’une intoxication àM. annuad’évolution favorable, souligne le risque toujours présent d’intoxication par les plantes sauvages, dont la consommation est actuellement très à la mode.