Se connecter
Rechercher

Gabapentinoïdes et syndrome d’apnées du sommeil : un signal de disproportionnalité dans la base de pharmacovigilance de l’OMS

Auteurs : Revol B1, Jullian-Desayes I2, Cracowski J3, Tamisier R2, Mallaret M1, Joyeux-Faure M2, Pepin J2
Affiliations : 1CEIP-Addictovigilance, CHU Grenoble Alpes, Grenoble, France2Physiologie, sommeil et exercice, CHU Grenoble Alpes, Grenoble, France3Centre d’Investigation Clinique, CHU Grenoble Alpes, Grenoble, France
Date 2020 Décembre, Vol 32, Num 4, Supplement, pp S37-S37Revue : Toxicologie Analytique et CliniqueDOI : 10.1016/j.toxac.2020.09.074
O45
Résumé

ObjectifsLa similarité structurelle entre gabapentine, prégabaline et baclofène explique les effets « baclofène-like » des gabapentinoïdes. Dans une précédente étude à partir des données de VigiBase®, le baclofène a été décrit comme pourvoyeur d’apnées du sommeil, notamment à forte dose dans la prise en charge de l’alcoolodépendance[1]. Avec une même approche, le travail actuel a pour objectif d’identifier si une telle association existe également avec les gabapentinoïdes.MéthodeNous avons procédé à l’extraction des cas de syndrome d’apnées du sommeil imputables aux antiépileptiques (ATC N03), à partir de la base mondiale de pharmacovigilance de l’OMS (VigiBase®). En juillet 2018, cette base comprenait plus de 17 millions de cas rapportés par près de 131 pays. Une analyse de disproportionnalité par calcul du odds ratio rapporté (ROR) selon un modèle cas-non cas, a ensuite été réalisée pour chaque antiépileptique. On entend par signal de pharmacovigilance, un nombre de notifications de l’effet indésirable d’intérêt (ici le syndrome d’apnées du sommeil) supérieur à celui attendu, c’est-à-dire un taux de notification « disproportionné » associé à un médicament d’intérêt (ici les gabapentinoïdes) par rapport au même effet notifié dans la base pour les autres médicaments. Les benzodiazépines (ATC N03AE) ont été utilisées comme contrôle positif, afin de renforcer la robustesse de la méthode.RésultatsSoixante-seize cas de syndrome d’apnées du sommeil ont été imputés à la gabapentine (ROR 2,61 [2,08–3,27]). Pour la prégabaline, 123 cas de syndrome d’apnées du sommeil ont été rapportés (ROR 2,42 [2,02–2,89]). Les ROR étant supérieurs au seuil de significativité, nous retenons une association entre gabapentinoïdes et syndrome d’apnées du sommeil. Aucun signal de disproportionnalité n’a été retrouvé avec les autres antiépileptiques, à l’exception des benzodiazépines (ROR 3,07 [2,58–3,66]).ConclusionCe signal de pharmacovigilance confirme les résultats précédemment observés avec les agonistes GABAergiques, dont le baclofène. Les professionnels de santé doivent être avertis que des apnées du sommeil pourraient affecter les patients traités par gabapentine ou prégabaline. Ce d’autant plus que l’utilisation des gabapentinoïdes est en nette augmentation, souvent associés avec des opioïdes ou des benzodiazépines[2]. Ils potentialisent ainsi le risque de dépression respiratoire, avec des conséquences délétères pouvant aller jusqu’au décès.

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
Accès à l'article
 Accès à distance aux ressources électroniques :
Exporter
Citer cet article
Revol B, Jullian-Desayes I, Cracowski J, Tamisier R, Mallaret M, Joyeux-Faure M, Pepin J. Gabapentinoïdes et syndrome d’apnées du sommeil : un signal de disproportionnalité dans la base de pharmacovigilance de l’OMS. Toxicologie Analytique et Clinique. 2020 Déc;32(4):S37-S37.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 28/11/2020.


[Haut de page]

© CHU de Rouen. Toute utilisation partielle ou totale de ce document doit mentionner la source.