Grippe A/H1N1 et antiviraux : quelle stratégie de santé publique ?
Auteurs : Martinez L., Pouchain D., Renard V., Arnould P, Druais PL.Date 2010 Mars-Avril, Num 91, pp 52-7Revue : La Revue ExercerType de publication : article de périodique;Contexte. En décembre 2009, les autorités sanitaires françaises ont recommandé de prescrire systématiquement de l’oseltamivir à tous les patients ayant un tableau clinique de grippe, et aux personnes en contact étroit avec eux.Méthode. Pour évaluer la pertinence de cette recommandation, une revue des synthèses récentes de la littérature a été réalisée et les données publiées par l’Institut de veille sanitaire argumentant la recommandation ont été évaluées.Résultats. Sept synthèses de la littérature portant soit sur des essais contrôlés randomisés, soit sur des études observationnelles ont été évaluées. En cas d’épidémie saisonnière, les inhibiteurs de la neuraminidase (IN) ont une efficacité prophylactique sur la survenue de la grippe symptomatique virologiquement confirmée. Ils préviennent également la grippe postexposition avec un sujet infecté. Chez les patients grippés, les IN réduisent la durée de la maladie de 0,5 jour à 1,5 jour à condition d’être pris au plus tard 48 heures après l’apparition des symptômes de la maladie. En termes de tolérance, les données sont confuses et parcellaires. Les effets indésirables neuropsychiatriques semblent rares, mais potentiellement graves. L’analyse économique n’a pas confirmé l’utilité d’un traitement systématique pour tous les patients ayant un tableau de grippe. Les données publiées par l’Institut de veille sanitaire pour recommander la prescription systématique d’oseltamivir aux patients grippés et à leur entourage sont entachées de trop nombreux biais pour que cette décision de « santé publique » soit valide.Conclusion. Il n’y a pas d’argument suffisamment convaincant pour recommander l’utilisation systématique des antiviraux pour tous les patients atteints de grippe A/H1N1.