Obstacles au repérage et à la prise en charge des violences conjugales en médecine générale. Une étude qualitative en Île-de-France
Auteurs : Barroso-Debel M, Lazimi G, Lazimi N, Soares A, De Beco A, Chastaing J, Magnier ADate 2014 Décembre 10, Vol 10, Num 9, pp 423-428Revue : MédecineLa violence conjugale se définit comme un processus au cours duquel un individu utilise la force ou la contrainte pour promouvoir et/ou perpétuer des relations hiérarchisées et de domination sur son partenaire [1]. L'OMS, reprenant les termes adoptés par l'Assemblée générale des Nations Unies, donne la définition suivante de la violence à l'égard des femmes : « Tous les actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée » [2]. Présente dans tous les milieux, la violence est le fait majoritairement de l'homme à plus de 90 à 95 % selon l'OMS [3].
L'enquête ENVEFF, en 2000, rapporte qu'une femme sur dix âgée de 20 à 59 ans a subi des violences conjugales de la part de son conjoint ou son ex-conjoint au cours des douze derniers mois [4]. Lors de l'enquête, la moitié des femmes ont parlé des violences subies pour la première fois et 24 % des femmes victimes ont consulté en premier lieu leur médecin avant d'avoir fait appel à la gendarmerie (13 %), justice ou associations. Les violences conjugales psychologiques, verbales, physiques, sexuelles et économiques qui touchent 30 % des femmes à l'échelle mondiale [5] ont toutes des répercussions sur l'état de santé des
femmes : elles perdent de une à quatre années de vie en bonne santé, leur prise en charge en ambulatoire coûte deux fois et demi plus cher à la société que celle des autres femmes [6]. L'ampleur du problème est révélée par de nombreuses publications : 3 à 6 % des femmes enceintes (4,1 % lors des 12 mois suivant la naissance) [7] ; 16 % des femmes interrogées dans l'enquête « Contexte de la sexualité en France », victimes de tentatives de viol ou des viols [8] ; 369 femmes décédés suite à des violences conjugales chaque année en France (enquête Psytel) [9].
Des études de repérages lors des consultations de médecine générale ont montré en 2000 que chaque médecin répondeur avait été confronté en moyenne à deux femmes victimes de violences conjugales dans l'année [10], une en 2004 [11]. Dans une étude de dépistage systématique en 2005, auprès de 100 femmes interrogées à l'issue de consultations quel que soit le motif initial, 54 % des femmes interrogées avaient subi dans leur vie des violences quelle qu'en soit la forme [12]. En 2007, chez 557 patientes interrogées par 51 médecins et 2 sages-femmes, plus de 6 femmes sur dix déclaraient avoir été victimes de violences au cours de leur vie [13]. En comparant les études de prévalence et de dépistage, on observe un sous-repérage des violences.
L'objectif de cette étude était d'identifier les freins au repérage des violences conjugales que les médecins généralistes sous-estiment dans leur pratique quotidienne pour améliorer le dépistage puis la prise en charge des victimes.
Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.