« La passion du sujet entre pulsionnalité et signifiance »
Auteurs : PENOT BDate 1999, Vol 63, Num 5, pp 1489-1561Revue : Revue française de psychanalyseLes conditions d'emploi par Freud du terme sujet dans son texte Pulsions et destins de pulsions (1915 b) peuvent fournir l'amorce d'une conception psychanalytique de la fonction sujet surgie de l'exercice pulsionnel même. Décrivant les retournements positionnels du rapport interactif du sujet naissant avec l'autre parental, c'est le temps de passivation du mode de satisfaction pulsionnelle que Freud indique comme décisif. La cure d'une patiente boulimique peut illustrer un type de transfert où l'analyste doit soutenir quelque chose des échanges pulsionnels (oraux) premiers dont le sujet se dégage malaisément. Le rôle clé de la passivation dans la subjectivation du fantasme est poursuivi dans l'étude de On bat un enfant (1919). Après quoi, divers cas « limites « de subjectivation défectueuse chez des adolescents mettent en évidence le rôle décisif de la réponse (pulsionnelles de l'autre parental. Tout cela tend à s'articuler autour de la notion clé de signifiant, dont la complexité est illustrée exemplairement par le destin de la représentation mentale du phallus. Cette conception d'un sujet pulsionnel conduit à envisager l'appareil psychique selon une nouvelle topique opposant dynamiquement un pôle sujet, nourri de la libido pulsionnelle issue du ça, et un pôle d'investissement libidinal narcissique moi-autre. Une vignette de séance d'une cure type pourra expliciter combien la subjectivation pulsionnelle gagne à se laisser faire par le jeu signifiant. Enfin l'approche freudienne de la sublimation peut permettre d'avancer dans l'explicitation du sujet pulsionnel « au-delà du principe de plaisir ».