Vaccins muqueux
Auteurs : BOUT D1, MEVELEC M1, VELGE-ROUSSEL F1, DIMIER-POISSON I1, LEBRUN M1Les surfaces muqueuses, principalement représentées par les tractus gastro-intestinal, respiratoire et urogénital, sont la porte d'entrée de la majorité des agents infectieux invasifs et non invasifs. Ces surfaces muqueuses comportent un système immunitaire très développé, fait d'un réseau complexe de cellules et molécules, qu'il est tout à fait concevable d'exploiter dans une approche vaccinale muqueuse pour lutter contre les agents infectieux dès leur pénétration dans l'organisme. D'un point de vue didactique, le système immunitaire des muqueuses peut être divisé en deux sites qui sont le site inducteur où s'initie la réponse immunitaire et le site effecteur où migrent les cellules immunocompétentes pour y exercer leurs fonctions effectrices. Le site inducteur comprend les plaques de Peyer du tractus gastro-intestinal, et les formations adénoïdes et les amygdales des tissus lymphoréticulaires rhinopharyngés. Le site effecteur comprend principalement le réseau diffus des cellules de la lamina propria de l'intestin, de l'arbre respiratoire et du tractus génito-urinaire. Les vaccins muqueux offrent l'avantage singulier d'induire une réponse immunitaire protectrice à la fois muqueuse et systémique. Au contraire, les vaccins injectables traditionnels engendrent une bonne immunité systémique mais n'induisent pas ou peu d'immunité muqueuse. Les vaccins muqueux sont a priori dépourvus d'effets secondaires parce qu'ils évitent le contact direct entre des composants complexes des vaccins, potentiellement dangereux, et la circulation systémique. D'un point de vue pratique, ils sont d'administration facile (voie orale par exemple), d'un moindre coût et donc plus accessibles aux pays en voie de développement. Un besoin croissant de vaccins s'est fait jour ces dernières années. Le mauvais usage des antibiotiques a, en effet, conduit à l'apparition de pathogènes résistants. De plus, de nouveaux agents pathogènes sont apparus et sont à l'origine de maladies infectieuses dites émergentes. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini récemment des priorités de mise au point de vaccins contre les pneumocoques, Haemophilus influenzae de type b, les rotavirus et le virus de l'hépatite B, mais de nombreux autres agents pathogènes tels le virus de l'immunodéficience humaine, les virus respiratoires syncytiaux, Mycobacterium bovis, Plasmodium spp., pourraient être cités. Pour combattre la plupart de ces agents pathogènes, l'induction d'une immunité muqueuse semble la plus appropriée. Dans cette perspective, nous devons tirer profit de l'essor des connaissances récentes dans le domaine de l'immunologie des muqueuses et de la galénique, domaines qui permettent d'aborder et développer la vaccination muqueuse sous un angle rationnel et optimisé. Cette revue ne se veut pas exhaustive. Elle met en exergue les points qui nous paraissent marquants dans la perspective du développement de la vaccinologie muqueuse.