Valeur diagnostique de la troponine I au service des urgences
Auteurs : ELKHOLTI M, ASKENASI R, LHEUREUX P, STAROUKINE M, CAVENAILE J, WILLEMS D, MOLS P1La douleur thoracique est une plainte fréquente dans les services d'Urgences. Départager les étiologies variées de cette plainte constitue une tâche difficile pour l'urgentiste, surtout lorsque les trois critères de l'OMS définissant l'infarctus myocardique (douleur typique, modification électrocardiographique, augmentation d'un marqueur cardiaque) ne sont pas réunis. Le dosage d'un marqueur biologique, en particulier de la troponine cardiaque I (TnIc), est un élément-clé dans le processus décisionnel. Devant une discordance entre la clinique et la biologie, se pose la question de la signification d'une élévation de la troponine qui ne semble pas toujours liée à une ischémie myocardique, voire à une affection purement cardiaque. Afin de mieux cerner l'interprétation d'une troponinémie élevée au service des Urgences, une étude a été menée dans les services d'Urgences de trois hôpitaux universitaires. Un dosage de la TnIc a été réalisé chez 163 patients se présentant pour douleur thoracique (91) ou dyspnée (40) et ceux admis pour un traumatisme (20) ou une pyrexie (12). Tous ont bénéficiés d'un électrocardiogramme, d'un bilan biologique avec dosage des marqueurs cardiaques. La TnIc était augmentée chez 33 patients, dont 19 présentaient une affection cardiaque et 14 des affections non-cardiaques, dont 12 infectieuses. Ces 19 patients cardiaques avaient des valeurs de troponine significativement plus élevées que les 14 patients non-cardiaques. Ces élévations de la troponine peuvent s'expliquer soit par des interférences analytiques liés à l'échantillon, soit par des lésions myocardiques subcliniques. Enfin, les valeurs-seuil actuelles sont plus basses que celles préconisées par les recommandations récentes, engendrant un certain nombre de faux positifs.