178 Lésions des membres inférieurs par explosion de mines terrestres. Expérience de l'hôpital principal de Dakar
Auteurs : FAYE M1, NIANG C, SENE M, DIEME E, DIOUF M, BADIANE C1Le pied de mine est une entité anatomo-pathologie stéréotypée décrite depuis la deuxième guerre mondiale. Il se caractérise par des lésions graves du membre inférieur et une unicité éthiopathogénique : la mine terrestre. Cette pathologie est apparue dans la partie sud du Sénégal à partir des années 90. Nous rapportons dans ce travail les aspects étiologiques, cliniques et thérapeutiques de 178 pieds de mine traités dans une antenne chirurgicale militaire entre janvier 97 et janvier 2001. Cent quarante sept blessés de sexe masculin et 21 de sexe féminin, âgés de 3 ans à 72 ans (moyenne 21 ans, sex ratio 7) présentant 178 pieds de mine ont été traités. Dix blessés avaient des lésions bilatérales. L'agent causal était une mine anti-personnel à effet de souffle (MAPES) dans 74 % des cas et une mine anti-char dans 26 % des cas. Ces mines étaient responsables de 150 pieds de mine ouverts (84 %) et de 28 pieds de mine fermés (16 %). Les lésions associées étaient fréquentes : polycriblage 98 % des cas, fractures fermées des os longs des membres, blast auriculaire 30 %, fractures du rachis 5 cas, brûlures 25 cas, troubles psychiques intéressant la quasi-totalité des blessés. Les tableaux observés allaient de l'atteinte limitée à un seul pied au polytraumatisme. À l'antenne médico-chirurgicale, les gestes d'urgence étaient réalisés: réanimation, prévention de l'infection, lutte contre la douleur, parage, drainage, fixation externe, absence de fermeture primaire. La mortalité précoce concernait 18 blessés (11%) dont trois brûlés graves. Le traitement était le plus conservateur possible pour les militaires qui bénéficiaient d'une chaîne allant jusqu'à l'appareillage. En revanche, se posait le problème du traitement court et définitif pour la population civile pour qui l'antenne constituait le seul niveau de soins.