« Je cherche à comprendre ». Le psychothérapeute face au suicide d'un patient
Auteurs : FIDELLE G, COLAS-BENAYOUN M, SEYEUX-BERTIN A1Choisir de parler de la position du psychothérapeute face au suicide de son patient revient à se décaler d'un savoir, à nous interroger au-delà de la mort. À travers l'histoire clinique d'une patiente psychotique, nous tenterons d'appréhender l'impact d'un acte suicidaire réussi sur le soignant et la famille. Dans sa demande « de comprendre la souffrance de sa femme et de ce qui a pu la conduire à un tel geste », son mari a confié spontanément sa détresse et l'ambivalence de ses sentiments. Quant au thérapeute, après trois ans de suivi, la mort violente de sa patiente le renvoie au questionnement de sa propre culpabilité, à l'estimation de ses compétences, ainsi qu'à sa potentielle responsabilité professionnelle. Il n'existe pas de « savoir tout puissant » qui répondrait à l'ensemble de ces questions. Seul l'espace d'écoute offert entre celui qui reste et le thérapeute peut permettre à une parole, défaillante du côté du suicidé, de poser les prémices d'une vérité. « Au parti pris de ne rien vouloir savoir du suicidant ou du suicidé répond la mise au travail du soignant, non dans la quête d'un savoir mais de son rapport à la vérité » (Briole G et Plouznikoff M, 1992).


