Hémostase et hypothermie
Auteurs : JUDE B1, BAUTERS A1, GAUDRIC J1, VINCENTELLI A1, DECOENE C1, SUSEN S1Les réactions enzymatiques vitales nécessitent le maintien d'une température constante, proche de 37 °C, et sont ralenties voire totalement inhibées à mesure que celle-ci s'abaisse. Une hypothermie peut survenir de façon accidentelle ou délibérée, dans un but de protection d'organe. Dans tous les cas, elle entraîne globalement une accentuation du risque hémorragique, par des effets délétères sur la coagulation, l'hémostase primaire, et la fibrinolyse. Ces anomalies sont largement sous-estimées par les analyses courantes de laboratoire, car l'exploration de l'hémostase primaire et de la fibrinolyse est très limitée en contexte d'urgence, et les tests de coagulation peuvent être faussement normaux car réalisés à 37 °C au laboratoire. En chirurgie en général, le maintien d'une température voisine de 37 °C en période périopératoire est indispensable pour assurer une hémostase satisfaisante. En chirurgie cardiaque, l'hypothermie, utilisée par certaines équipes, avec un bénéfice discuté en termes de protection d'organe, entraîne vraisemblablement une augmentation du saignement, compensée par l'utilisation d'antifibrinolytiques. Que l'hypothermie soit accidentelle ou volontaire, la gestion du réchauffement doit s'inscrire dans une stratégie globale de réanimation.