Facteurs de croissance granulocytaire et neutropénies en cancérologie : Des résultats finalement très modestes
Date 2006, Vol 26, Num 273, pp 440-443Revue : La revue Prescrire• Les chimiothérapies anticancéreuses exposent souvent à des troubles hématologiques, en particulier à des neutropénies qui peuvent avoir des conséquences importantes en termes d'infections (le risque infectieux augmente avec la profondeur et la durée de la neutropénie) et de modifications des protocoles de chimiothérapie (retard d'administration des cycles, diminution de la dose). • Trois facteurs de croissance hématopoïétique, destinés à augmenter la production des globules blancs, sont commercialisés en France: le filgrastim (alias Granulocyte Colony Stimulating Factor (G-CSF) non glycosylé), le pegfilgrastim (filgrastim pégylé), le lénograstim (alias G-CSF glycosylé). • Leurs principaux effets indésirables sont des douleurs osseuses et articulaires, des symptômes pseudogrippaux et des réactions au point d'injection. • En prévention primaire, les résultats de l'évaluation ont été décevants; un G-CSF n'est justifié qu'en association aux protocoles de chimiothérapie comportant un risque de neutropénie fébrile chez au moins 40 % des malades leucémies aiguës, malades âgés, neutropénies dues au cancer, mauvais état général, etc., avec baisse de l'incidence des neutropénies fébriles, et peut-être des hospitalisations. En cas de lymphomes non hodgkiniens (méta-analyse de 11 essais comparatifs chez environ 1 500 malades) le bénéfice est limité à une réduction de l'incidence des neutropénies fébriles et des infections. • En prévention des récidives des neutropénies lors de la poursuite du traitement, un seul essai a montré une meilleure durée de survie sous filgrastim chez des malades de plus de 60 ans ayant un lymphome non hodgkinien de haut grade (64,3 % de survie sous filgrastim versus 49 % sous placebo après une durée médiane de suivi de 40 mois). Faute d'autres essais ayant confirmé ce résultat, la réduction de la chimiothérapie (dose, rythme d'administration) est le plus souvent privilégiée. • En traitement curatif, un G-CSF n'est justifié que chez les malades fébriles à risque élevé d'infections graves source d'hospitalisations prolongées. Le seul bénéfice prouvé, selon deux méta-analyses, une sur 8 essais, l'autre sur 13 essais (environ 1 500 malades), est une réduction de la durée d'hospitalisation.