Bicalutamide (casodex°) : Dans les cancers de la prostate non métastasés: Non aux interprétations hasardeuses
Date 2006, Vol 26, Num 276, pp 650-650Revue : La revue Prescrire• Les cancers de la prostate sont parmi les cancers les plus fréquents chez les hommes âgés. Ils sont souvent qualifiés par les termes localisé, localement avancé ou métastasé, appellations qui pour les deux premières n'ont pas toujours la même définition selon les équipes. • Les cancers dits localement avancés sont traités le plus souvent par radiothérapie accompagnée éventuellement par une hormonothérapie, ou par abstention-surveillance. La prostatectomie radicale est moins utilisée à ce stade. • Le bicalutamide a été autorisé en France pour le « traitement du cancer de la prostate non métastasé au stade localement avancé, en adjuvant à la prostatectomie radicale ou à la radiothérapie » avec un nouveau dosage à 150 mg. • Le dossier d'évaluation clinique comprend 3 essais comparatifs en double aveugle versus placebo, sur un total de 8 113 patients, qui ont fait l'objet d'analyses combinées. Mais ce sont des essais au recrutement très hétérogène pour ce qui concerne les stades de la maladie et les traitements antérieurs. • Selon une analyse combinée, après une durée médiane de suivi de 7,4 ans, le bicalutamide n'a pas eu d'effet sur la durée de survie globale, effet attendu pour déterminer un progrès thérapeutique dans cette situation. L'effet sur le taux de survie sans aggravation de la maladie est modeste: 72,6 % versus 69,3 % sous placebo, et ne semble concerner que les patients ayant une tumeur localement avancée (T3 ou T4 ou T1, T2 avec invasion ganglionnaire) et non les patients ayant une tumeur localisée (T1 ou T2 sans envahissement ganglionnaire) selon des analyses en sous-groupes de très faible niveau de preuves. • Dans ces essais, les trois quarts des patients ont eu une douleur mammaire et environ les deux tiers une gynécomastie, soit environ 9 fois plus que sous placebo. Les autres effets indésirables connus sont des troubles sexuels, des troubles hépatiques et des pneumopathies parfois graves. • En pratique, il est préférable de se passer du bicalutamide pour prendre en charge les patients atteints de cancer de la prostate non métastasé: le bénéfice prévisible n'est pas tangible, alors que les effets indésirables sont nombreux et parfois graves.