HHV8, maladie de Kaposi et transplantation d’organe : devrions-nous procéder à un dépistage ?
Auteurs : MARCELIN A1L'incidence de la maladie de Kaposi (MK) associée à l'herpèsvirus humain 8 ou virus associé à la maladie de Kaposi (HHV8/KSHV) à la suite d'une transplantation d'organe est 500 à 1 000 fois plus élevée que dans la population générale et son apparition est associée à la thérapie immunosuppressive. L'incidence rapportée de MK post-transplantation va de 0,5 à 5 %, suivant le pays d'origine du patient et le type d'organe qu'il a reçu, principalement à la suite d'une transplantation rénale. La MK post-transplantation est causée par deux mécanismes possibles : la réactivation de l'HHV8 chez les patients qui étaient déjà infectés par le virus avant la greffe et la contamination du receveur par le biais de la greffe des organes du donneur infecté par HHV8. La réactivation de l'HHV8 semble être le mécanisme prédominant dans la survenue de MK post-transplantation, plutôt que les infections via la greffe. Cependant, certaines études, dont les résultats sont fondés non seulement sur des données sérologiques, mais aussi sur le traçage moléculaire de l'infection virale, ont montré que la transmission de l'HHV8 liée aux organes infectés pourrait être plus répandue qu'on ne le pensait auparavant et être associée dans certains cas à une maladie très sévère liée à l'HHV8. On ne dispose pas actuellement d'évaluations précises de la séroprévalence de 1' HHV8 dans la population des donneurs et des receveurs d'organes dans différents pays. De nombreuses études ont suggéré l'intérêt potentiel de procéder à une recherche des anticorps anti-HHV8 chez les donneurs et les receveurs d'organe. Cependant, à ce jour, si les résultats de ces études plaident effectivement en faveur d'une recherche de l'HHV8, même dans les pays de faible prévalence d'infection, ce n'est pas pour rejeter la greffe, mais pour posséder une information sur le statut HHV8 afin de pouvoir surveiller, cliniquement et biologiquement, les patients chez lesquels risquent de se développer des maladies liées au virus. La recherche des anticorps anti-HHV8 pourrait ainsi être effectuée dans les jours qui suivent la transplantation et les résultats transmis aux médecins rétrospectivement. En conclusion, la question du dépistage de l'HHV8 chez les donneurs et les receveurs, même dans les pays à faible prévalence d'infection à HHV8, se pose toujours et des études prospectives s'imposent pour évaluer les bénéfices des stratégies pré et post-transplantation.