Fébuxostat (ADENURIC°) : Hyperuricémies : gare aux crises de goutte
Date 2008, Vol 28, Num 300, pp 726-729Revue : La revue Prescrire• Chez les patients atteints d'hyperuricémie chronique symptomatique, pour prévenir les complications cliniques, et en particulier les récidives de crises de goutte, en cas d'échec d'un régime hypo-uricémiant, le médicament de référence est l'allopurinol. Cet inhibiteur de la xanthine oxydase, connu depuis longtemps, provoque dans de rares cas des troubles cutanés graves. Le probénécide, un uricosurique, lui aussi connu depuis longtemps, est utilisé en deuxième ligne. • Le fébuxostatest un autre inhibiteur de la xanthine oxydase, autorisé pour le traitement de l'hyperuricémie. Mais en pratique ce qui intéresse les patients et les soignants, c'est de diminuer, par cet effet, la fréquence des crises de goutte. • Deux essais randomisés en double aveugle ont comparé chez 762 patients et 1 072 patients diverses doses de fébuxostat à une dose habituelle d'allopurinol(300 mg par jour). Le fébuxostat a normalisé plus souvent l'uricémie que l'allopurinol, mais durant les 2 premiers mois de traitement, globalement, malgré un traitement préventif, il y a eu davantage de patients qui ont souffert de crise de goutte avec le fébuxostat qu'avec l'allopurinol: environ 30 % à 35 % versus environ 22 %. Entre 3 mois et 6 mois de traitement, le traitement hypo-uricémiant n'a pas plus réduit l'incidence des crises de gouttes qu'un placebo. Après un an de traitement, environ deux tiers des patients ont souffert de crise de goutte, sans différence entre fébuxostat et allopurinol. • Dans ces essais, il y a eu davantage d'arrêts de traitement prématurés avec le fébuxostat qu'avec l'allopurinol. • Les effets indésirables du fébuxostat, en particulier cardiaques, hépatiques, hématologiques et thyroïdiens sont mal connus. À court terme, sur un critère combiné, les troubles cardiaques graves ont été 4 à 5 fois plus fréquents sous fébuxostat que sous allopurinol. Les arrêts de traitement pour troubles hépatiques ont été plus fréquents avec le fébuxostat qu'avec l'allopurinol: 2,8 % versus 0,4 %. On ne sait pas s'il y a ou non moins de troubles cutanés graves avec le fébuxostat qu'avec l'allopurinol. • Le dossier d'évaluation clinique dans cette indication ne comporte pas d'essai versus probénécide. • En pratique, chez les patients atteints d'hyperuricémie, mieux vaut continuer à utiliser en première ligne l'allopurinol puis, en deuxième ligne, le probénécide.