Bloc auriculo-ventriculaire complet survenant chez une patiente traitée par chloroquine
Auteurs : GUEDIRA N1, HAJJAJ-HASSOUNI N1, SRAIRI J2, EL HASSANI S1, FELLAT R2, BENOMAR M2La cardiotoxicité des antipaludéens de synthèse (APS) est bien connue. Le premier cas d'atteinte cardiaque chronique a été rapporté en 1971. Il peut s'agir d'insuffisance cardiaque, de cardiomyopathie « restrictive » ou de bloc auriculo-ventriculaire (BAV) comme dans notre observation. Observation: Mme A.F., 43 ans, débute à l'âge de 10 ans une arthrite chronique juvénile réalisant quelques années plus tard une polyarthrite séro-positive. C'est en 1980 qu'est débuté un traitement par le sulfate de chloroquine (l'hydroxychloroquine n'étant pas disponible) à la dose de 200 mg/j (soit 152,66 mg de chloroquine) associé à 10 mg/j de prednisone. En raison de son efficacité, la patiente refuse l'interruption du traitement qui lui est proposée devant l'apparition d'une hyperpigmentation cutanée et de myalgies. Elle est perdue de vue. Elle poursuivra d'elle-même les APS. En décembre 1993, elle présente un BAV complet syncopal, nécessitant la mise en place d'un pacemaker. Discussion: la myopathie rare mais classique des APS intéresse aussi le muscle cardiaque, souvent précocement et de façon sévère. Les lésions habituellement vacuolaires seraient plus étendues dans la région du septum ventriculaire que dans le reste du ventricule, expliquant ainsi le BAV. Malgré l'absence d'histologie myocardique, les signes cliniques de toxicité et l'absence de cardiopathie sous-jacente susceptible d'expliquer la sévérité des lésions cardiaques à cet âge, permettent de retenir la responsabilité de la chloroquine et de discuter la nécessité d'une surveillance cardiaque, comprenant un ECG au cours des traitements par APS.