Objectif La kératomycose est une affection cornéenne sévère et fréquente dans les pays africains. Cependant, jusqu'à présent, peu d'informations sont disponibles sur sa fréquence en Tunisie. Le but de cette première étude est d'attirer l'attention des cliniciens sur la fréquence, l'épidémiologie, la gravité de cette pathologie et de préciser notre conduite diagnostique et thérapeutique. Méthodes. Des fragments stromaux cornéens ont été prélevés chez 41 patients hospitalisés pour ulcère cornéen grave sur une période de 2 ans. Ces prélèvements ont fait l'objet d'un examen direct à la potasse à 30 % et inoculés dans des milieux de culture (Sabouraud et gélose au malt). Le traitement instauré était à base d'amphotéricine B pour 5 patients et de kétoconazole pour les Il autres. Résultats. L'examen direct était positif dans 8 cas (50 %). La culture a permis d'identifier l'espèce pathogène dans 10 cas (66 %) : Fusarium solani dans 5 cas, Fusarium oxysporum dans 1 cas, Aspergillus fumigatus dans 2 cas et Candida albicans dans 2 cas. Quatorze patients ont bien évolué sous antifongiques locaux et nous avons perdu 2 globes malgré un traitement bien conduit. Conclusion. La kératite mycosique est fréquente et grave. Elle doit être évoquée devant des éléments anamnestiques et cliniques. Une bonne technique du prélèvement cornéen est nécessaire pour mettre en évidence l'agent pathogène. Un traitement antifongique bien conduit permet le plus souvent de juguler l'infection.