(XIAPEX°) collagénases de Clostridium histolyticum. Un intérêt à court terme, mais quid à long terme ?
Date 2011, Vol 31, Num 335, pp 648-650Revue : La revue Prescrire• La maladie de Dupuytren est due à un développement excessif des fibroblastes des aponévroses de la main et des doigts qui conduit à un excès de collagène. Elle se traduit par une rétraction en flexion d'un ou plusieurs doigts, cause d'un handicap fonctionnel. • Le traitement habituel est chirurgical. Les récidives sont fréquentes. • Une spécialité à base d'enzymes lysant le collagène, des collagénases extraites d'une bactérie, est commercialisée pour le traitement par voie locale de ces rétractions. • Selon deux essais comparatifs en double aveugle versus placebo chez 308 et 66 patients, 1 à 3 injections locales espacées de 30 jours permettent d'obtenir une réduction quasi complète de la rétraction des doigts atteints dans environ 50 % des cas, versus environ 5 % avec un placebo. • Un suivi non comparatif de 830 patients traités avec succès, durant en moyenne 7,4 mois, a montré un taux de récidive de 4 %. Le taux de récidive à un an a été estimé à environ 25%. • La majorité des patients ont des réactions locales à la suite de l'injection des collagénases: œdèmes, contusions, hémorragies, douleurs, etc. Ces réactions sont rarement graves (1 % des patients) dans les essais cliniques, mais des ruptures tendineuses ont été décrites. • Des anticorps anticollagénases apparaissent chez presque tous les patients traités par collagénases. La seule conséquence connue en 2011 est un prurit qui a touché environ 11 % des patients dans les essais cliniques. On ne sait si ces anticorps ont une répercussion sur l'efficacité lors d'injections ultérieures. Une certaine parenté antigénique entre les collagénases utilisées et certaines enzymes humaines fait envisager un risque de développement de maladies auto-immunes à long terme. • En pratique, les limites du traitement chirurgical et la facilité de réalisation des injections locales de collagénases en font une option pour le traitement des rétractions digitales en flexion de la maladie de Dupuytren. Les inconnues sur la balance bénéfices-risques à long terme font en 2011 des collagénases un recours quand la chirurgie n'est pas envisageable.