vernakalant (BRINAVESS°) Trop dangereux pour traiter la fibrillation auriculaire
Date 2012, Vol 32, Num 339Revue : La revue Prescrire● Chez les patients ayant une fibrillation auriculaire gênante, paroxystique ou récente, le traitement vise le plus souvent à ralentir la fréquence cardiaque, y compris après chirurgie cardiaque. Une cardioversion électrique ou une cardioversion médicamenteuse avec l'amiodarone sont d'autres options. ● Le vernakalant, un antiarythmique, a été autorisé dans l'Union européenne pour la réduction rapide d'une fibrillation auriculaire récente, uniquement sous forme injectable. ● Le dossier d'évaluation clinique ne comporte pas d'essai versus un traitement ralentissant la fréquence cardiaque, ni versus cardioversion électrique. La seule comparaison versus autre antiarythmique est une étude de pharmacologie clinique versus amiodarone, un antiarythmique d'action lente, évaluant chez 240 patients le taux de cardioversion à 90 minutes. Celui-ci a été statistiquement plus élevé avec le vernakalant (51,7 % versus 5,2 %), ce qui était prévisible vu le délai d'observation retenu. ● Lors de l'évaluation clinique, au total, il y a eu 6 décès dans les groupes vernakalant, versus aucun dans les autres groupes traités par placebo ou amiodarone. ● Le vernakalant provoque surtout des troubles du rythme cardiaque (arythmies ventriculaires, torsades de pointes, bradycardies) et des hypotensions graves. Des troubles du goût, des éternuements, des paresthésies, des nausées et des prurits ont été souvent rapportés. Des troubles respiratoires et neuropsychiques sont aussi à prendre en compte. Un essai dans le flutter a été interrompu pour choc cardiogénique. ● Des interactions sont à craindre avec les médicaments qui allongent l'intervalle QT, et ceux qui sont hypokaliémiants ou bradycardisants. ● En pratique, quand une cardioversion médicamenteuse est envisagée, mieux vaut en rester à l'amiodarone et écarter le vernakalant.