vandétanib (CAPRELSA°) Trop dangereux dans les cancers médullaires de la thyroïde
Date 2012, Vol 32, Num 342, pp 256-259Revue : La revue PrescrireDans les cancers médullaires de la thyroïde, le traitement est avant tout chirurgical. À un stade avancé et inopérable, ou métastasé, la durée de vie dépasse 10 ans chez presque la moitié des patients. Lorsque le cancer s'aggrave, la chimiothérapie cytotoxique est en général inefficace. • Le vandétanib, un inhibiteur de plusieurs kinases, est autorisé dans l'Union européenne dans cette situation clinique. • Son dossier d'évaluation clinique est centré sur un essai comparatif randomisé en double aveugle versus placebo chez 331 patients. 70 % avaient un cancer qui s'aggravait depuis moins de 6 mois. Le suivi médian de 2 ans est insuffisant pour évaluer un effet éventuel sur le taux de survie globale: environ 85 % dans les deux groupes. Les évaluations sur d'autres critères (survie sans aggravation, douleurs) ne sont pas solides en raison d'un nombre élevé de données manquantes. • Le profil d'effets indésirables du vandétanib est très chargé: diarrhées et autres troubles digestifs, troubles cardiovasculaires, cutanés, neuropsychiques, hémorragiques, métaboliques, etc. Des troubles visuels ont aussi été observés. • Le vandétanib allonge l'intervalle QT. 3 cas de torsades de pointes et 9 morts subites ont déjà été rapportés. Ce risque est augmenté en cas d'insuffisance rénale. • De nombreuses interactions pharmacocinétiques impliquant notamment l'isoenzyme CYP 3A4 du cytochrome P450 sont à prévoir. Le vandétanib diminue l'efficacité de la lévothyroxine. L'association avec d'autres médicaments allongeant l'intervalle QT est à éviter. La gestion des interactions et des effets indésirables doit tenir compte de la demi-vie d'élimination du vandétanib, qui est d'environ 3 semaines. • Chez les patients atteints d'un cancer médullaire de la thyroïde, à un stade avancé et inopérable, ou métastasé, il n'est pas démontré que la balance bénéfices-risques du vandétanib soit favorable.