Bilan initial, suivi et traitement des troubles mictionnels en rapport avec hyperplasie bénigne de prostate: recommandations du CTMH de l'AFU
Auteurs : DESCAZEAUD A1, ROBERT G2, DUMONCEAU O3, AZZOUZI A4, FAIX A5, DESGRANDCHAMPS F6, DE LA TAILLE A7, DELONGCHAMPS N8, CORNU J9, SAUSSINE C10, HAILLOT O11, DEVONEC M12, FOURMARIER M13, BALLEREAU C14, LUKACS B9, Comité des troubles mictionnels de l'homme de l'association française d'urologie1Objectif. ― Établir des recommandations de bonne pratique pour la démarche diagnostique, le suivi et le traitement d'une hyperplasie bénigne de prostate (HBP). Méthode. - Une revue systématique de la littérature a été réalisée. Le niveau de preuve des publications sélectionnées a été évalué. Des recommandations ont ensuite été établies et gradées par un groupe de travail, puis relues par un groupe de relecteurs selon la technique du consensus formalisé. Résultats. ― La terminologie de l'International Continence Society (ICS) a été adoptée. Les objectifs du bilan initial sont multiples: affirmer que les symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) sont liés à l'HBP, évaluer la gêne provoquée par les SBAU et rechercher une obstruction sous-vésicale compliquée. L'interrogatoire avec réalisation d'un score symptomatique, et l'examen physique comprenant un toucher rectal, l'examen d'urine, la débitmétrie et la mesure du résidu post-mictionnel font parti du bilan de première intention recommandé pour explorer des SBAU d'un homme afin de répondre aux questions posées ci-dessus. Le catalogue mictionnel est optionnel dans ce bilan initial, mais recommandé si les symptômes de la phase de remplissage sont prédominants. Le dosage du PSA est utile chez les patients pour lesquels le diagnostic d'un cancer modifierait la prise en charge des SBAU. Lorsqu'un traitement chirurgical est envisagé, un dosage de la créatininémie et du PSA, ainsi qu'une échographie de l'appareil urinaire sont recommandés. L'information du patient sur le caractère bénin mais éventuellement progressif de sa pathologie est recommandée. En l'absence de gène et de complication, une surveillance annuelle est recommandée. Le traitement médical repose sur la phytothérapie, les alpha-bloquants et les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase, les deux derniers pouvant être associés. L'association d'un anticholinergique et d'un alpha-bloquant peut être proposée à des patients déjà traités par alpha-bloquant seul ayant des SBAU de la phase de remplissage persistants, et en l'absence d'obstruction sous-vésicale sévère (résidu post-mictionnel supérieur à 200 mL ou débit maximum inférieur à 10 mL/s). Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 peuvent être proposés aux patients présentant une dysfonction érectile associée à des SBAU. En cas d'HBP compliquée, ou lorsque le traitement médical est inefficace ou mal toléré, une solution chirurgicale est discutée. Tout traitement doit être décidé en tenant compte de la symptomatologie et de la gêne du patient, de l'anatomie prostatique, du degré d'obstruction et du retentissement éventuel sur l'appareil urinaire, des co-morbidités du patient, de l'expérience du praticien, et du choix du patient en termes de bénéfice, de risque et d'effets indésirables attendus. Outre la chirurgie classique (adénomectomie sus-pubienne, résection trans-urétrale de prostate, incision cervivo-prostatique), les options chirurgicales ayant le plus haut niveau de preuve quant à leur efficacité sont la résection électrique bipolaire, la photovaporiation laser en longueur d'onde 532 nm, et l'énucléation par laser Holmium. Conclusion. - Sont ici présentées les premières recommandations de l'Association française d'urologie sur le bilan initial, le suivi et le traitement des troubles mictionnels en rapport avec une HBP.