Hypothermie thérapeutique. Le contrôle thermique est aussi important que la baisse de température
Auteurs : BRIOT R1, MAIGNAN M1, DEBATY G1Le contrôle ciblé de la température, après arrêt cardiaque (AC) extra-hospitalier et restauration d'une circulation spontanée (RACS), a prouvé son efficacité pour la prévention des lésions post-anoxiques. Les sites de mesures fiables sont le nasopharynx (pré-hospitalier) et la vessie (intra-hospitalier). Un monitorage précis est nécessaire pour s'assurer de la baisse de la température corporelle jusqu'à la température cible, en évitant toutefois un refroidissement excessif (overcooling). La température actuellement recommandée est entre 32 et 34 °C, mais des données récentes suggèrent qu'un contrôle précis à 36 °C apporte les mêmes bénéfices qu'une cible de 33 °C. Parmi les différentes méthodes de refroidissement existantes, les systèmes automatisés permettent de limiter le temps passé en dehors de la cible de température, mais aucune n'a pour l'instant montré de supériorité en termes de gain de mortalité et séquelles neurologique. Débuter le refroidissement par perfusion de sérum salé dès la phase pré-hospitalière après RACS, n'apporte pas de bénéfice, voire augmente le taux d'œdèmes pulmonaires et le nombre de ré-arrêts cardiaques. La surveillance de la sédation, de l'hémodynamique et des paramètres biologiques est capitale. Le doppler transcrânien bilatéral et l'EEG sont des éléments de monitorage cérébral qui doivent être répétés. Le réchauffement spontané débute entre la 24e et la 48e heure. Il doit être progressif et la température corporelle doit s'élever de 0,25 °C/h à 0,5 °C/h. Il faut anticiper et limiter le rebond hyperthermique provoqué par les phénomènes inflammatoires de l'ischémie-reperfusion qui aggravent le pronostic des patients. Au final le contrôle ciblé de la thermorégulation, évitant les périodes d'overcooling et les rebonds hyperthermiques, semble au moins aussi important qu'une baisse importante de la température corporelle pour la prévention des lésions post-anoxiques après un AC.